XVIIe siècle – La découverte
C’est vers 1627, sous le règne de Louis XIII, que la baronne de Beau-Soleil et son époux auraient reconnu « proche le Pont-Péan, à deux lieues de Rennes, une bonne mine de plomb contenant beaucoup d’argent, du vitriol, du soufre, du zinc, du mercure, de l’arsenic ».
XVIIIe siècle – Un modèle pour les encyclopédistes
L’exploitation débute en 1730, quand la concession minière est accordée au riche armateur malouin Noël Danycan. Pour extraire la galène (minerai de plomb), sa compagnie fait d’abord ouvrir une carrière, puis creuser puits et galeries. Au milieu du XVIIIe siècle, après de grands travaux hydrauliques et des prouesses technologiques, les machines de Pont-Péan sont montrées en exemple dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. La Révolution met un terme à cette première grande période industrielle.
XIXe siècle – Des records de production
Les « déchets » amoncelés sur le carreau par les premiers exploitants contiennent un important tonnage de blende (minerai de zinc) qui va conduire par deux fois à la reprise momentanée d’une activité de surface. D’abord en 1818, quand on découvre que la blende peut être utilisée dans la fabrication du laiton, puis en 1844, après la constatation d’une forte teneur de la blende en argent. L’exploitation souterraine reprend en 1852, ouvrant une longue période de prospérité qui arrive à son apogée dans les dernières années du XIXe siècle. En 1897, les quatre cinquièmes du plomb produit en France proviennent de Pont-Péan. Mais le déclin s’amorce peu après. Le puits de la République, qui atteint alors près de six cents mètres de profondeur, est équipé d’une machine d’épuisement devenue vétuste. Le 2 avril 1904 les pompes ne parviennent pas à juguler un violent afflux d’eau qui submerge puits et galeries. La mine doit à nouveau fermer. Près de mille ouvriers sont soudainement réduits au chômage et, par contrecoup, l’économie locale est mise à mal.
XXe siècle – Les derniers soubresauts
Un immense stock de déchets métallifères repose toujours sur le carreau. Pour le traiter, une nouvelle laverie est mise en place en 1907. On lui adjoint une usine d’engrais chimiques en 1910.
L’espoir d’un nouvel essor de l’activité minière renaît en 1929 avec la construction d’une grande cité ouvrière, signe ostentatoire d’une relance imminente de l’exploitation. Le dénoyage de la mine débute en 1931, mais il est interrompu un an plus tard. C’est la faillite, suivie en 1934 d’un procès qui dévoile une énorme escroquerie. La cité ouvrière n’aura servi qu’à appâter les petits épargnants pour les persuader de souscrire bons et actions.
Le traitement des déchets métallifères reprend encore de 1937 à 1941, puis de 1951 à 1955. Le stock utilisable est alors épuisé et le personnel licencié. L’aventure minière de Pont-Péan s’achève ensuite avec la vente des sables et graviers des terrils, utilisés comme matériaux routiers dans la région rennaise. Mais ce n’est que le 24 juin 1992 qu’un arrêté ministériel met officiellement fin à la concession.
XXIe siècle – Des traces sur le carreau
Parmi les traces de la mine qui n’ont pas encore été effacées, la plus visible est l’imposant bâtiment des bureaux. Construit au tout début des années 1890, inscrit au titre des monuments historiques en 1985, il est peu à peu devenu l’un des édifices emblématiques d’un passé minier breton.
Quant aux sols du carreau, ils ont gardé la trace indélébile de l’activité passée et, pour confiner les pollutions, des remblais à matrice argileuse y ont été déposés.